Communiqué de presse : création de l’association « Le Choix de Valence »

 

A l’issue de plusieurs mois d’échanges intenses avec les Valentinoises et Valentinois, de rencontres avec des personnes de la société civile valentinoise, de travaux préparatoires, un collectif de citoyennes et citoyens déterminés à transformer la ville de Valence a décidé de se constituer en association. Cette association intitulée « Le Choix de Valence » naît de la volonté de promouvoir des réponses citoyennes afin de rendre la ville de Valence plus juste, plus sûre, plus saine et plus ambitieuse pour nos concitoyens qui y vivent, qui y travaillent, qui y passent leur temps libre.

 

Ø  Mettre un terme à l’opposition des quartiers

 

Depuis 10 ans, la politique de la ville a visé à élever le quartier en horizon indépassable pour les Valentinoises et les Valentinois et à renforcer la politique de ségrégation les uns contre les autres.

 

Cette politique est un échec tant pour les quartiers politiques de la ville que pour le centre-ville. La fracture sociale s’est hélas accentuée avec un taux de pauvreté des quartiers politique de la ville supérieur à 40%.

 

                               Des quartiers politiques de la ville abandonnés

 

Sur 10 ans, de 2022 à 2023, l’évolution est dramatique :

          A la Chamberlière, le taux de pauvreté a connu une hausse de +50% pour atteindre 43% ;

          Au Polygone, le nombre de familles monoparentales a connu une hausse de +85% pour atteindre 37,4% ;

          A Valensoles, le nombre de familles monoparentales a connu une hausse de +92% pour atteindre 36,8%.

 

Alors qu’il s’élève à 16,8%, le taux des 16-25 ans, sans emploi et hors de la scolarité, s’élève dans les QPV entre 28% à Valence le Haut, jusqu’à 42% à Valensoles.

 

 

Quartier

Pauvreté en 2023

Pauvreté en 2012

Evolution

Famille monoparentale en 2023

Famille monoparentale en 2012

Evolution

16-25 ans sans solution

Polygone

54,9%

51,3%

+7,0%

37,4%

20,2%

+85%

37%

Valence-le- haut

49,6%

49,2%

+8,1%

23,5%

16,1%

+45%

28%

Valensoles

41,4%

40,4%

+0,2%

36,8%

19,1%

+93%

42%

Chamberlère

43,4%

29,4%

+47,6%

31,9%

23,5%

+36%

30%

Valence

 

 

 

20,30%

 

 

16,8%

                                                                                                                                                             Source : Data.gouv.fr

                               Un commerce de centre-ville en difficulté

 

L’association met en garde contre une vision simpliste qui viserait à opposer aux difficultés des quartiers populaires, une prétendue opulence du centre-ville. De nombreux échanges ont permis de faire émerger de lourdes difficultés dans le centre-ville, avec notamment de grandes difficultés dans les commerces.

 

A ce titre, l’association alerte sur le projet de Halle de la Gastronomie qui aura pour effet de fragiliser un commerce déjà fragile en centre-ville.

                              

                               La hausse inquiétante des loyers

 

Alors que les Valentinoises et Valentinois sont majoritairement des locataires (55% contre 42% au niveau national), la hausse des loyers dans le parc privé est considérable : le prix du loyer est évalué à 11,6 € du m². En 2018, 75% des loyers était en dessous de 9,3€ du m² (source : observatoire des loyers).

 

Ø  Rendre Valence plus sûre

 

Le narcotrafic à Valence-le-Haut, un terrain de jeu créé par les carences de la politique de la ville

 

L’association tient en premier lieu à exprimer son plus vif soutien aux acteurs de la société civile des quartiers du Plan et de Fontbarlette, au corps enseignant en première ligne,  , aux familles qui subissent de plein fouet l’impact des règlements de compte à répétition dans ces quartiers.

 

L’association rappelle que seule une action globale permettra d’endiguer cette crise dramatique du narcotrafic : police/justice, services fiscaux, politique de la ville, acteurs sociaux ont vocation à coopérer dans cette crise.

 

Dans ce contexte, la ville dispose de plusieurs leviers à sa disposition, en particulier le logement social en lien avec la politique de la ville.

 

L’association rappelle que le logement social est un aspect d’autant plus déterminant que 73% du Parc de l’office Valence Romans Habitat est en quartier politique habitat alors que ce taux s’élève à seulement 34% au niveau national et seulement 28% en AURA. Atteindre le logement social, c’est donc atteindre ces quartiers.

 

Dans des rapports datant de 2020, l’Agence Nationale du Contrôle du Logement Social et la Chambre Régionale des Comptes AURA, ont révélé :

          Un taux de vacance autour de 10,7% en 2017 plus de trois fois supérieur à la moyenne nationale ;

          La moitié des logements sociaux bâtis avant les années 70 ;

          Un plan d’investissement (PSP) de 2017-2026 manifestement insincère de 82 millions d’euros par rapport aux engagements pris avec la Caisse de Garantie du Logement Locatif Social ;

          Le non-respect des obligations en matière de gardiennage et de sécurité, prévoyant un employé d’immeuble par tranche de 100 logement : manque de 20 agents pour un coût de 700 000 euros.

          Absence de prévisionnelle articulée à un plan stratégique de patrimoine crédible et actualisé ;

          Adaptation insuffisante du parc à la demande.

 

En outre, l’association dénonce le retard pris dans les opérations ANRU 2 au Plan et Fontbarlette.

 

Le lien entre l’ensemble de ces éléments et le développement du trafic de drogue a été mis en place par la CRC :

 

« Certains immeubles sont sélectionnés par des trafiquants comme lieux de cache. Leurs locataires finissent par solliciter un relogement dans un autre immeuble. L’immeuble-repère des trafiquants progressivement vidé de ses occupants est voué à la démolition, plus aucun locataire ne voulant y habiter. Après destruction, le trafic se déplace vers un autre immeuble. »

 

Nous avons sollicité à deux reprises le Maire sur ces questions lors de réunion publique qui a soit nié la crédibilité des rapports (Fontbarlette, 2023), soit estimé que les investissements engagés dans le cadre des opérations ANRU dans les quartiers de Valence le Haut étaient bien supérieurs à l’investissement de chaque quartier (Plan, 2024). L’association rappelle que les opérations ANRU ont pour objet de pallier des décennies de sous-investissement chronique par les pouvoirs publics locaux et que ces investissements doivent être appréciés dans le temps.

 

L’association estime que cette carence documentée de la politique de la ville a permis de faire des quartiers de Fontbarlette et du Plan  une vaste zone d’activités pour acteurs du narcotrafic.

 

                               Sur la sécurité du quotidien, un échec total

 

A tort, la question de la sécurité à Valence est souvent perçue sous le seul prisme des règlements de compte violents en lien avec le narcotrafic. Cette donnée ne doit pas passer sous silence la situation plus globale des indicateurs de la sécurité du quotidien.

 

Ainsi que le montre le tableau issu du service statistique ministériel de la sécurité intérieure qui présente le nombre d’infractions pour 1000 habitants, si Valence était dans la moyenne des villes comparables de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il y aurait en 2023 :

          65 vols de véhicules en moins ;

          140 cambriolages de moins ;

          321 actes de destructions ou dégradations volontaires en moins ;

          166 actes de violences hors cadre familial par an ;

          65 femmes battues en moins.

 

 

Vols de Véhicules

Cambriolages

Destruction dégradation volontaire

Vols violents sans arme

Violences hors cadre familial

Violences intrafamiliales

Valence

2,26

4,28

9,53

0,96

4,99

3,8

Agglomérations de même type en AURA

3,3

6,43

14,48

1,43

2,44

2,82

                                               Source : service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI)

 

 

Ø  Rendre Valence plus saine

 

Inquiétudes persistantes sur la qualité de l’air

 

La qualité de l’air doit rester une préoccupation sanitaire majeure. Elle se pose à l’échelle de l’agglomération dans laquelle la ville doit jouer un rôle moteur.

 

Dès avril 2023, le réseau de surveillance ATMO AURA, l’organisme officiel dans ce domaine de la pollution de l’air, avait classé la moyenne vallée du Rhône, avec l’agglomération de Valence-Romans dans la catégorie des agglomérations polluées aux côtés de Lyon, Grenoble ou Saint-Etienne.

 

Les données ATMO confirment cette tendance : Valence et son agglomération dépassent largement les valeurs guides fixées par l’Organisation Mondiale pour la Santé pour l’ensemble des valeurs concernant les particules fines et l’ozone. Les quelques améliorations constatées ne suffisent pas à écarter ce risque persistant pour la santé publique

 

Concernant le dioxyde d’azote, la baisse de vitesse du seul trafic transitant par l’autoroute, n’empêche pas l’exposition de la population de l’agglomération de Valence à ce risque.

Par rapport à 2022, 2023 ou 2024, seule une baisse du trafic routier interne à l’agglomération, serait de nature à diminuer les émissions donc l’exposition des personnes les plus fragiles : « L’agglomération de Valence et le couloir rhodanien apparaissent donc comme les plus exposés » (source. ATMO).

 

Concernant les particules fines : 99% de la population exposée aux risques des particules les plus fines dites PM 2.5. Cette situation accroît les risques de maladies respiratoires, d’asthme, de maladies cardiovasculaires et de cancer.

 

 Enfin, on perçoit une hausse très significative du risque allergique de l’exposition pollinique qui dépasse très largement les 40 jours par an, avec des impacts significatifs en termes d’allergie

 

                               Un manque d’ambition en matière de qualité de l’air et de protection de la biodiversité

 

En 2018, Valence a signé, avec le soutien de la Caisse des Dépôts et de Consignation, un « Plan Action Cœur de Ville » : alors que ce type de plan vise à accompagner les Villes dans la transition énergétique, on ne peut que regretter qu’aucun plan de mobilité visant à transformer les mobilités et améliorer la qualité de l’air ait été adopté. Les pistes cyclables n’ont pour l’essentiel de cyclables que le nom, puisqu’il s’agit des voies de circulation de voiture sur lesquelles une signalétique atteste de son caractère cyclable. Interrogé en novembre 2023 dans le cadre d’une réunion publique, le Maire de Valence a répondu que « la meilleure sécurité est pour les vélos de se positionner au milieu des voies de circulation ».

 

 Le plan Arbre, nécessaire pour la photosynthèse et l’absorption du Gaz à Effet de Serre CO2, n’est pas de nature à améliorer la qualité de l’air.

 

Celle-ci suppose un plan de mobilité ambitieux, en accroissant significativement le nombre d’usagers des Transports en Commun et des circulations dites douces (piétonnes, cyclistes…)

 

Le risque allergique lié aux pollens continuera hélas d’augmenter sans mesure forte contre la formation d’ozone, problème sérieux en été.

 

Plus globalement le modèle tourné autour de la consommation en périphérie de la ville conduit à l’abandon des centres ville et à l’usage systématique de la voiture.

 

L’association souhaite lutter contre ce modèle d’urbanisme et d’aménagement du territoire,  destructeur de notre centre-ville et de notre écosystème.

 

Ø  Recréer une ambition pour la ville

 

Si l’association « le Choix de Valence » a été créée c’est dans l’objectif d’inverser ces tendances et de réveiller les énergies valentinoises.

 

A la lumière de nos rencontres et des enseignements de nos questionnaires, nous proposons d’agir sur plusieurs leviers :

Ø  Faire de Valence une ville plus saine en agissant la mobilité, en déconstruisant un modèle de consommation fondé sur la périphérie, en développant une véritable politique de préservation des canaux de Valence, et en utilisant le sport comme levier de prévention ;

Ø  Faire de Valence une ville plus juste en accompagnant les personnes fragiles : familles monoparentales, jeunes en échec scolaire, personnes en perte d’autonomie : les Valentinois fragiles ne peuvent être les oubliés de la ville de Valence 

Ø  Faire de Valence, une ville plus sûre : en mobilisant l’ensemble des leviers de la politique de la ville en parallèle de la coopération avec les acteurs du régalien et en transformer les quartiers populaires pour qu’ils ne soient pas des « terrains de jeux mortifères » pour narcotrafiquants.

 

Parce que nous sommes un collectif citoyen, nous sommes convaincus qu’il faut revoir la démocratie locale et combler le fossé grandissant avec les élus municipaux. Nous souhaitons lancer un vaste chantier de refonte de la démocratie locale, en mettant l’usager/citoyen au cœur de la décision politique.

 

Nous organiserons au cours du printemps des conventions thématiques sur chacun de ces aspects.

 

Ø  Positionnement politique et échéance municipale

 

Notre manifeste pose les valeurs écologiques et sociales au cœur de notre projet. Nous réfutons les fausses évidences et la pensée unique qui s’oppose à toute politique alternative. Nous considérons que la réussite d’un tel projet suppose l’union de toute la Gauche, de l’Ecologie  et des forces de progrès.

 

Naturellement, notre collectif est parfaitement ouvert à des personnalités membres de partis politiques. Tous n’ont pas exactement les mêmes orientations politiques, et nous sommes fiers de cette diversité. 

 

Nous mettons simplement une réserve : Valence est une ville avec son  une histoire qui n’a rien de commun avec le Rassemblement National, nous regrettons vivement que le Maire de Valence n’ait pas appelé à faire obstacle au Rassemblement National en 2024 . Les membres de ce collectif ont  tous sans ambigüité soutenu le candidat du NFP au deuxième tour de l’élection législative de 2024.

 

Par ailleurs, les membres du collectif appellent à ne pas réintroduire systématiquement les débats de politique nationale dans les considérations locales. Ces débats désespèrent trop souvent les citoyens et nous éloignent collectivement de l’objectif de l’urgence de la transformation  dont  notre Ville a besoin.

 

Dans les semaines qui viennent, outre les initiatives de fond évoquées, nous organiserons une réunion autour de l’avenir de Valence le … et nous engageons à proposer une rencontre aux associations et formations politiques constituées pour contribuer à la création de l’union de l’ensemble de la Gauche de l’Ecologie  et des forces de progrès en vue des élections municipales de 2026.  

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